Au début on ne sait pas, on va ou les autres vont, on
sent des mains, on entend des sons, on ne décide de rien. Un statut de marionnette
dans un monde déjà fait.
Si un jour mon corps m’a permis d’aller tout seul dans
cet espace paraissant bien trop grand, on ne m’offrait pourtant pas l’infini me
retenant mesuré dans la démesure.
Je pouvais parler aux autres, les toucher et les écouter.
Ils étaient autour, partout, plus grands, pareils ou plus petits comme des
poupées Russes désordonnées.
On pouvait tout me promettre ou tout me refuser,
j’ignorais encore ce qui me manquait. Je contemplais riant d’être copain,
pleurant d’être seul.
L’immensité n’est qu’un nombre de cage qu’on additionne,
aller et venir dépend des grilles ouvertes.
Pourquoi donc étais-je là ? Surement posté à une
adresse erronée, je ne me sentais pas chez moi.
La solitude trop souvent, solitude morale, la plus
pernicieuse… J’étais comme dans un sous bois marchant sur un chemin dont on ne
voit jamais où il mène. L’ombre me gelait et si j’y demeurais, elle me
coucherait pour toujours. Je ne la craignais pas et pourtant je pressais le pas
pour atteindre l’espace où la lumière chaude filtrait entre les feuillages. Etrange
attitude, je n’avais pas envie de savoir le jour suivant, mais j’en étais
curieux.
Je ne me souviens plus quand il est arrivé, mais un jour
nous étions deux. En moi il y avait celui que je montrais et l’autre qui
restait caché au regard extérieur. C’était un drôle de filou celui là, il avait
de singuliers comportements. Il riait du feu quand moi j’en pleurais et il
savourait délicieusement quand je dégustais amèrement. S’il avait été un simple
squatteur, je l’aurais flanqué à la porte, mais voilà, rien d’un sans logis
quêtant un toit d’accueil, ce voyou était ma moitié !
Il avait des idées bizarres et prenait parfois toute la
place, j’en avais honte, il n’était pas normal. J’avais peur qu’on le remarque,
qu’on le confonde avec moi et qu’on le montre du doigt avant de me conduire au
pilori. Le supporter était un poids dont je me serais bien passé, mais il était
toujours là pour sécher mes larmes. Il me tripotait en m’emportant dans des
délires inavouables. Je ne pouvais lui résister, il était maître de ces
instants que je refusais une fois passés. Je ne lui promettais aucun avenir,
mais je savais déjà que j’attraperais encore sa main pour un autre tour de
manège.
Robert Louis Stevenson avait dans son roman, séparé en un
être entre le bien et le mal comme deux identités bien distinctes et opposées.
C’est ce que je croyais aussi au début, mais il n’en n’ait rien, ce frère que
je préjugeais autre était et est toujours moi, sans doute le plus authentique.
Je vis entre deux mondes, le visible au regard de tous et un second où je
m’enferme quand la réalité m’ennuie ou m’exaspère. Ce n’est certes pas un
paradis mais c’est encore moins un enfer. C’est là que sont remisés tous mes
rêves, mes fantasmes, mes délires et mes plus beaux sommeils.
Un arrangement, faute de mieux, en quelque sorte un
mariage de raison entre deux identités qui ne sont pas antinomiques. Ensemble
pour le pire et le meilleur, nous avons plus que complices raconté nos bobards…
Oui jusqu’à aujourd’hui et demain encore, des années de mensonges à en farcir
tant de tomates que le marché de Rungis en serait saturé. Oui d’un côté vivre
mon fantasme clandestinement et de l’autre vivre au grand jour un autre bonheur
qui pourtant sera toujours incomplet et inachevé. Mentir pour préserver l’un
comme l’autre.
Avais-je besoin d’une femme que j’étais incapable d’aimer
aussi fort qu’on le peut ? Si je fus amoureux de belles, je ne pouvais les
affectionner comme elles le méritaient. Si d’aventure j’avais rencontré une femme
s’accordant avec mes fantasme aurais-je connu plus de félicité ? Rien
n’est moins sûr car peut-être n’aurait-elle pas été ce que j’espérais. C’est
sans doute d’une autre mère dont j’avais besoin pour tout recommencer à zéro.
C'est très beau et c'est très vrai et surement la conclusion est elle la bonne... Alors comme maintenant accoucher d'un gaillard comme toi ça serai de l'ordre du fantasme, tu as tes ami(e)s :-*
RépondreSupprimerOui les amis, certainement le plus important dans une vie.
SupprimerVivre une vie ou deux en parallèle, quelle importance au fond, tant que l'on vit le plus heureux possible?
RépondreSupprimerMoi, j'ai fait le choix inverse de toi, partir pour essayer de trouver à allier amour et identité sexuelle (bon d'accord, il n'y avait pas que ce paramètre-là qui m'a poussé à partir, loin s'en faut...). Etait-ce un bon choix? Rien n'est sûr, mais c'était le seul choix qui me paraissait raisonnable pour mon équilibre et mon bonheur. Dans la vie, nous avons tous nos failles et nos blessures. Mais l'important est de se connaître et de savoir comment être heureux ... que ce bonheur s'écrive en duo ou en symphonie, et même si c'est parfois un peu compliqué!
Allez, je te fais un gros bisou, tu n'as pas l'air d'avoir trop le moral.
Y'a des moments comme ça.... faut que ça passe
SupprimerLa cohabitation de nos différentes facettes, il y aurait tant à dire.
RépondreSupprimerEn tout cas Mike Très bon post, et très touchant.
Merci.
SupprimerBonsoir Mike !
RépondreSupprimerTrès très juste, cette petite "confession". On a tous traversé des moments de blues, balloté par la houle de l'existence avec la lumière rassurante du phare de l'espoir entre deux creux de vague. "Côte en vue, Cap'taine !". On est comme un funambule sur son filin d'acier : garder l'équilibre, quoiqu'il arrive.Nous sommes tous comme un miroir à deux faces .Un peu aussi comme "le bon docteur Jekyll et l'affreux Mister Hyde" de Stevenson.
Perso,j'ai traversé une mauvaise période il y a plus d'un an et ma passion pour le dessin (et...la fessée !) m'a toujours permis de décompresser. Je m'évade en faisant abstraction du moment présent pour me plonger dans mes souvenirs pour y trouver matière d'inspiration réelle ou imaginaire. Allez, courage, Mike, on est tous/toutes, là . On est avec toi par écran interposé. Les amis, ça sert à ça ! Non ? Et continue à nous régaler. T'as une patte inimittable. Peter Pan
très joli texte bien mélancolique serais ce une remise en cause ??un bilan ?? rappelle toi que tu as des amis Mike et que les coups de blues ça passe avec un verre partagé et le regard tourné ver l'avenir , radieux ou pas , mais l'avenir les futures parties de plaisir rigolade bref la vie comme elle viens
RépondreSupprimerIl y a des fois comme ça où ça remonte, mais c'est pour tout le monde pareil.
SupprimerHa oui, vous retrouver j'y pense, j'y pense fortement même.
C'est très beau, Mike. Ton texte m'a touchée.
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerBonjour Mike !
RépondreSupprimerContre les gros coups de blues, rien de tel qu'un bon repas au restau . Et puis, qui sait : on peut faire des rencontres inattendues. Une cliente renverse son sac, on l'aide à le ramasser, on en profite pour engager la conversation et c'est parti. .Faut pas grand chose pour repartir sur les rails. Alors... bon appétit. Peter Pan.
Une bonne bouteille de whisky aussi.
SupprimerPour commencer, un bon verre de cognac de ma cuvée spéciale.
RépondreSupprimerEnsuite, faut que je te dise une très grande vérité. Tu es un homme doté d'un organe reproducteur ... de pensées (non mais reste sérieux un peu, je t'ai vu venir à 100 m). Le problème de cet organe particulier c'est qu'il doit régulièrement filtrer les pensées venues des organes reproducteurs étrangers. Forcément, entre ceux déjà en place, ceux qui n'ont pas encore réussi à s'intégrer, ceux qui te bousculent pour que tu les accueilles plus vite, c'est un boulot de fonctionnaire. Donc, commence doucement le matin et pas trop vite le soir. Tu devrais être reds dit (ready) après le blues.
Ça chauffe, je vais boire un pina colada pour me rafraîchir.