NOVEMBRE épisode 5 et fin
Sixième jour.
Un matin ensoleillé, l’Ebouriffée, le Disciple et moi
musardions dans la forêt et nous nous aveuglions de l’astre reflété dans le
miroir des étangs. Une matinée d’automne calme, inverse d’un après-midi et
d’une soirée bien plus animée. (Je ne vais pas vous faire un dessin… Un dessin
animé. Houarf je n’en rate pas une moi).
Il me semble vous avoir déjà parlé du fouet et de la
difficulté de manier cet instrument. Ce jour, le Maître donnait un cours et
pour faire la main de ses étudiants(tes), l’entrainement se faisait sur un
coussin judicieusement placé. Dame Marinette, Dame Rousse et le disciple s’essayaient
et, sans vouloir fayoter, (ce n’est pas mon genre mais plutôt celui du disciple,
mais uniquement quand il se transforme en félon. Et toc !) Les apprentis
se débrouillaient plutôt bien, si bien d’ailleurs que le coussin devenait
obsolète. Comprenez, lectrices et lecteurs, que l’objet statique ne présentait
rien d’excitant aux yeux des fouetteuses et du fouetteur. Sous la morsure de la
lanière de cuir, le coussin ne se dandinait pas, n’émettait aucune plainte ni
réprobation et ne jurait pas à l’injustice. Il était donc impératif de
remplacer le moelleux inerte par un cobaye plus remuant et qui au moins
gigoterait et souffrirait un peu de la flagellation.
Je ne sais pas pourquoi, mais c’est encore ma pomme qui fut
désignée d’office pour prendre le poste à pourvoir. Pas besoin de curriculum
vitae, de remplir une fiche et d’écrire des lettres de motivations, je fus
immédiatement embauché. Quand je pense qu’il y a des infortunés qui font la
queue à Pole Emploi et qui attendent des mois, voire des années avant de se
voir confier un job…
Donc, courbé sur l’assise du canapé et honteusement
dépouillé de mes vêtements, me voilà exposé et contraint de subir. Pour toutes
celles et ceux qui trouvent mon calvaire insupportable autant par la méthode
que par la scandaleuse injustice, je vous invite à formuler vos réprobations
dans les commentaires ou de signer une pétition qui sera remise au bureau de
Matin-gnons.
En attendant ce jour, elles et ils se régalaient les
apprentis fouetteurs. Croyez-vous que mes plaintes et mes sanglots longs aux
langueurs monotones les apitoyaient ? Pas du tout ! Croyez-vous que
mes crispations, mes dents plantées dans le cuir du canapé et mes gestes
désespérés créaient chez eux quelques compatissantes émotions les invitant à
cesser le supplice ? Que dalle ! Je crois qu’en place de compassion, ils
voyaient en mes fesses zébrées une compâtisserie que mes suppliques mal interprêtées
sollicitaient du supplément. Elles et ils se relayaient ayant même le toupet de
me demander mon avis sur leurs prestations ; si ça ce n’est pas le comble
du sadisme !
J’en entends au fond de la salle qui me demande pourquoi
j’acceptais cette torture, pourquoi je ne tentais pas de m’y soustraire ou me
révolter ? Est-ce que je vous demande à quelle mode vous plantez vos choux ?
Non mais sans blague, de quoi je me mêle !
Plus tard dans la soirée.
Ils sont intarissables d’idées les fesseuses et les fesseurs ;
ils nous ont proposé de jouer à Colin Maillard…. Quand je dis
« proposé » comprenez « Imposé ». L’Ebouriffée, Mister B et
moi, nous fument aveuglé par des bandeaux, courbés sur les dossiers
inconfortables des fauteuils, puis dépossédés de nos pantalons et petites
culottes.
Majordame, Dame
Rousse, Dame Marinette, le Disciple et le Maître choisissaient sans tirage au
sort précis, un instrument et l’un des fessiers, puis frappaient. Les yeux
bandés, la ou le malheureux, devait deviner quel instrument le meurtrissait et
qui le maniait. Tant qu’il n’avait pas répondu aux deux questions, les coups
s’accumulaient.
Quand il n’y a que trois ou quatre instruments bien
distincts, Il aurait été relativement aisé de deviner, mais voilà, le Maître en
avait apporté une bonne collection, de quoi exposer sur les quatre murs d’une
pièce en ajoutant quelques autres instruments véhiculés par Dame Rousse et Dame Marinette.
Le dévoué disciple avait préparé avec soin tous les objets de tourments :
Cravache, badine, canne, plusieurs martinets, verges, planchette, brosse,
ceinture et fouets. Il faut également à cet assortiment, adjoindre les mains
des cinq méchantes et méchants.
Inutile de vous préciser que l’Ebouriffée, Mister B et moi
avons reçu notre compte et qu’en plus, il y avait de la part de certaines et
certains bourreaux, de la triche car ils tardaient à répondre à nos réponses
même quand elles étaient bonnes.
J’imagine un tel jeu à la télé, l’audimat explose !
Le dernier jour fut assez calme, nous avons raccompagné
l’Ebouriffée au train et pour moi, juste une correction à la ceinture, pas de
quoi en faire un fromage battu. Dame Marinette et Mister B nous quittaient et
en fin d’après Midi, ce fut au tour de Dame rousse de prendre la route.
Un dernier soir tristement entaché par l’abominable et
l’injustifiable, nous apprenions les graves évènements qui se déroulaient dans
la capitale. Tous les mots sont vains au regard de tant de barbarie. Nous
étions tristes et révoltés. Des réactions désordonnées, des émotions mélangées,
des questions sans réponses. Le lendemain, chacun d’entre nous dévorant
l’asphalte du retour, avait des pensés pour celles et ceux que l’absence ne
remplacera jamais, pour toutes celles et ceux qui pleuraient des proches ou
simplement des semblables, pour toutes celles et ceux qui priaient, qui
allumaient des bougies ou apportaient des fleurs, pour toutes celles et ceux
qui se battaient contre la mort aux urgences, pour tous les secours, les
infirmières et les médecins et nous remontait par moment en bousculant tout, la
féroce haine contre ces criminels sans âme qui avaient aveuglément tué.
Pour ce beau séjour, je remercie Dame Rousse, Majordame,
Dame Brune, Dame Blanche, l’Ebouriffée, le Maître, le Disciple, Mister B et l’Instit.
Merci pour cet excellent compte-rendu d'une semaine bien riche. Merci aussi pour ton commentaire final sur l'horreur du vendredi 13 novembre qui exprime avec justesse notre douleur, notre colère et notre incompréhension.
RépondreSupprimerMerci à toi.
SupprimerEncore une fois merci mike pour ce compte rendu précis de ces moments de jeux de bonne humeur de franche rigolade que ce soit au billard au baby ou durant toute cette rencontre Je ne dirias qu'une chose à quand la prochaine avec encore plus de participants
RépondreSupprimerEt domage que ces cinglés aient gaché la fin de cette semaine par ces actes stupides que les hommes réprouvent honte à eux et laisson la colère et la haine au placard laisson les personnels concernés leur régler leur compte de façon radicale et totale comme ils l'ont promis
Oui goûtons au bonheur des rencontres, dégustons le moindre sourires, le moindre plaisir, celui qu'on reçoit, celui qu'on donne.
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